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Analyse Old Boy

scène couloir prison

   Au sein de cette analyse, nous nous intéresserons à la scène de combat mythique se déroulant dans le couloir de l’ancienne prison du personnage principal : Oh Dae-Soo. Pour rappel, après avoir torturé le gardien de la prison, Oh Dae-Soo découvre un indice sur l’instigateur de ses malheurs. Désirant sortir de la prison avec le gardien en otage, mais c’est alors qu’il tombe sur une bande de malfrat dans le couloir le menant à la sortie.
Nous allons nous intéresser à la problématique suivante : en quoi la séquence de combat dans la prison est-il inspiré directement du domaine vidéoludique ?

Park Chan-Wook a donc prit le parti de faire référence aux jeux vidéo “beat ‘em all” pour faire cette séquence de combat. Nous allons voir les moyens mis en oeuvre par le réalisateur pour y parvenir. 


Il faut savoir que les jeux “beat'em all” sont aussi appelés scrolling fighters. Le principe étant que pour se déplacer dans l’environnement, c’est le cadre qui se déplace et non le personnage (qui lui reste à la même position sur l’écran). Cet effet est parfaitement retranscrit dans le film grâce à l’utilisation du plan-séquence combiné au travelling latéral. D'autre part, la caméra n’est visiblement pas positionnée de manière “standard”, c’est-à-dire à la hauteur des yeux, mais légèrement plus bas - sans pour autant être en contre-plongée - afin de donner un côté aplati et 2D à l’image. Les proportions des éléments sont aussi respectés. En effet, le bas du cadre est réservé au sol pour éviter que le personnage ne marche sur ce dernier à cause de l’effet 2D. Le haut du cadre, lui, s'arrête au niveau du plafond induisant un plan assez large pour avoir notre personnage principal ainsi qu’une douzaine d’autres opposants à l’écran.Aussi, comme souvent dans ce type de jeu, les ennemis sont vêtus de styles analogues qui contrastent avec celui du héros. Oh Dae-Soo porte un costume et une chemise entièrement noir - nous donnant d’ailleurs un indice sur le fait que celui ci n’est peut-être pas un héros mais un antihéros - alors que ses assaillants sont vêtus seulement de t-shirts, chemises débraillés à motifs ou alors même torse nu. Le tout crée une dichotomie permettant aux spectateurs de distinguer plus aisément le personnage à suivre et à donner un effet d'écrasement sur ce dernier comparé à ses ennemis. Le décor de prison et la teinte verte dominante collent parfaitement à l'ambiance de ce style de jeu et pourraient d’ailleurs très bien être retranscrits dans un véritable opus.

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D’un autre côté, nous pouvons également remarquer que la composition du plan n’est pas le seul élément de la scène qui nous rappelle l’univers vidéoludique. Au début de la séquence, Oh Dae-Soo tient le gardien de la prison en otage et s'ensuit un duel d’intimidation entre les voyous et le personnage principal. Ce genre de duel est très commun avant un combat dans les jeux dits « beat ’em all », il permet de créer une tension entre les deux camps pour déboucher sur un combat. Autre composante importante, nous pouvons remarquer que lorsque le personnage principal se tient immobile, il tient sa garde de façon dynamique à la même manière que les personnages de jeux-vidéos. 


D’autres éléments nous rappellent également le thème vidéoludique. Premièrement, les vagues d’ennemis apparaissant lors de la scène. Si l’on se concentre sur le nombre de voyous présents dans le cadre, on remarque que de nouveaux personnages apparaissent après des sorties de cadre (technique utilisée dans les beat ’em all). Le personnage principal, essaie quant à lui, de mettre le plus de coups possibles d’affilés à la manière d’un combo (qui rapporte en jeux-vidéos plus de points).


Enfin, nous pouvons remarquer au début de scène que l’action dans le cadre est centripète et met notre personnage principal au centre de l’action. Plus le combat avance, plus Oh Dae-Soo se dirige vers la droite du couloir où l’action est alors cadré de manière centrifuge. À la manière du jeu vidéo, il tente de mettre tous les ennemis du même côté pour pouvoir avoir un oeil sur eux et éviter d’être encerclé. Il se dirige également vers la droite à la manière d’une sortie de niveau. Et c’est à la sortie de ce fictif niveau, que le personnage accède à un niveau bonus lorsque la dernière vague d’ennemi se présente dans l’ascenseur qui vient de s’ouvrir.


C'est dans cette séquence magistrale que réside la performance du film et c'est pour cela que Park Chan-Wook a choisi d'illustrer celle-ci sur l'affiche principale du film. Le réalisme de la scène est déstabilisant. Mais finalement, la retranscription de la réalité n'est-elle pas toute la complexité du cinéma ?

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